interview Alain ESTARIA : traversée des Pyrénées |
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alpinisme.com : Bonjour Alain, tu as décidé à 44 ans, de t'offrir un challenge en traversant les Pyrénées en 21 jours. Tu partiras le 10 juillet de Banyuls pour rallier Hendaye le 30 juillet ... Pourquoi en solo ? Comment as-tu réglé ta logistique, ta gestion quotidienne (Nourriture - Eau - Matériel - Bivouac ...) Comment aurons-nous des infos de ta part ? Comment es-tu devenu un passionné d'Alpinisme ? Explique-nous tes dernières expéditions. Combien de pays ? De sommets ? Ton meilleur souvenir ? Ton pire souvenir ? Tu es ingénieur technicien en imagerie médicale, comment as-tu pu quitter ton travail pour réaliser ton projet ? As-tu de nouveaux projets ? Ta définition de l'alpiniste ? Ton mot de la fin. Merci à toi Alain, pour ces quelques mots, nous te suivrons sur ton site ... Interview Réalisé par Christian COUSIN |
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Alain Estaria va traverser seul les Pyrénées en 21 jours
Challenge. Montagnard aguerri, il tente un défi record pour lequel il s'est préparé de nombreux mois. Départ le 10 juillet.
Alain Estaria au sommet du Licancabur (5960m) au Chili. Photo DR.
Alain Estaria, 44 ans, est technicien itinérant en imagerie médicale. Ce Tournefeuillais s'est lancé le défi de traverser les Pyrénées en autonomie dans le temps record de 21 jours. Il partira le 10 juillet de Banyuls pour rallier, il l'espère, Hendaye le 30 juillet. Rencontre.
Qu'entendez-vous par traverser les Pyrénées « en autonomie » ?
ça veut simplement dire que j'aurai tout sur moi, le matériel, la nourriture d'une semaine, la tente ou encore le couchage, des rechanges, une pharmacie, un altimètre avec boussole et des cartes.
Pourquoi ce choix, vous pourriez utiliser les refuges ?
Je suis montagnard à la base, j'aime être en osmose avec la nature et c'est plaisant de camper. Je n'irai pas dans les refuges mais leur existence est une sécurité. Je veux vivre une aventure, me retrouver moi-même. C'est aussi un défi sportif.
Quelle expérience avez-vous de la montagne ?
J'ai une grosse expérience de la montagne et de l'alpinisme. Je suis allé partout dans le monde, j'ai fait un trek dans l'Himalaya et les Cordillères. Au total, j'ai fait une quinzaine de sommets entre 6000 et 7500 mètres. Et puis je pratique tous les sports de montagne.
Vous vous êtes fixé 21 jours ce qui est très peu, comment comptez vous y arriver ?
Je vais marcher vite, courir, peut-être la nuit. Les deux sentiers que je vais utiliser sont la haute route pyrénéenne et le GR11. Je vais couper au maximum et ne pas perdre de temps sur des passages techniques ou difficiles. Je vais quand même prendre le temps de me poser.
Comment vous êtes-vous préparé à ce défi ?
Je fais de la montagne toute l'année, cet hiver j'ai fait la saison de ski de randonnée. J'ai fait aussi de la marche et de la course en Corse. Depuis un mois, je freine un peu pour ne pas partir fatigué.
De quoi se nourrit-on dans ces conditions ?
La nutrition est très compliquée. Je me suis documenté et j'ai eu des surprises. Par exemple, les produits lyophilisés sont pratiques mais mauvais nutritionnellement car ils sont assimilés rapidement et on risque l'hypoglycémie. Je vais emporter beaucoup de céréales complètes ou intégrales adaptées à ce genre d'effort.
Et pour boire ?
Il faut boire entre trois et quatre litres par jour mais il y a de l'eau partout à la montagne. Il suffit de bien lire les cartes. J'emporte des cachets pour la désinfecter si besoin.
Comment ferez-vous seul s'il vous arrive un accident ou que vous vous blessez ?
J'ai des notions de base. J'aurai une pharmacie et des médicaments. J'ai aussi un téléphone portable mais le souci c'est que ça ne capte pas partout. Il peut cependant servir à être localisé s'il est allumé. J'emporte aussi un sifflet pour attirer l'attention.
Vous n'avez pas peur de croiser… l'ours ?
L'ours a plus peur que nous !
Votre entourage ne vous prend pas pour un fou ?
C'est que c'est difficile à expliquer, les gens ne comprennent pas facilement. Mais pour moi qui roule beaucoup, le vrai danger ce n'est pas la montagne, c'est la route.
Renseignements : http://matraversee.e-monsite.com
Publié le 28/06/2009 04:33 | Serge Boulbès
Alain veut traverser les Pyrénées en 21 jours
Cet habitant de Castres, spécialiste de la haute montagne, veut couvrir la distance de Banyuls à Hendaye en un temps record.
Alain Estaria lors de l'un de ses précédantes traversées de la chaîne.
Alain Estaria, Toulousain d'origine et nouveau Castrais, est un sportif accompli. Spécialiste de haute montagne, il pratique à peu près toutes les disciplines que peuvent offrir nos reliefs : escalade, ascensions, trail, randonnées, VTT, sports d'eaux vives…
Ce technicien en imagerie médicale a décidé de consacrer ses trois semaines de congés d'été à l'accomplissement d'un nouveau défi personnel, un petit rêve de plus dans sa chaîne de paradis déjà découverts (Cordillère des Andes, Alpes…). « Je ne disposais que de trois semaines, alors j'ai décidé de traverser les Pyrénées de Banyuls à Hendaye, en 21 jours ». Sauf que normalement, il faut compter le double ! Pour ajouter à la difficulté, Alain n'effectuera pas son périple en groupe, ni même en duo : « Seul, en autonomie complète ». Il ne choisit pas non plus d'emprunter le magnifique GR 10, super bien balisés… et parfois trop fréquentés. Lui, il marchera, et parfois courra, sur le GR 11, côté espagnol donc. Et encore, pas tout le temps.
Pas de GPS
« De temps à autre, je passerai hors sentiers, précise Alain. Il ne s'agit pas d'un circuit forcément facile, mais il ne comporte pas de réels risques. J'ai une certaine expérience. 20 ans de montagne. Le seul problème en fait c'est le brouillard. On peut finir par se perdre ». Altimètre, boussole et carte seront donc les outils de notre Castrais. « Pas de GPS, je n'aime guère ça… », ajoute-t-il.
Et puis, un GPS ce serait quelques grammes de plus à son chargement limité au strict minimum de poids : « Du matériel haut de gamme, avec des composants les plus légers possible, dont une tente haute montagne de 920 grammes. Au total, sans la nourriture, le gaz et l'eau, le sac doit peser environ 8 kg. Pas plus. »
Alain Estaria partira de la plage de Banyuls le 10 juillet, pour un périple de 650 km avec des sommets flirtant avec les 3 000 m. Plus de 30 km par jour. « Lever 5 h 30, départ 6 heures, pour 6 heures minimum de trail et 10 heures maximum, annonce Alain. Si j'ai été contraint à perdre un peu de temps, je marcherai de nuit. Pas de refuge, ni de descente sur un village. Je pense pouvoir affirmer que j'ai une excellente condition physique. ça doit passer tranquillement. »
Quant à une rencontre avec une présence tant décriée dans les Pyrénées, il en sourit : « un ours a plutôt peur de l'homme. Lors d'expéditions, j'ai croisé des grizzlis au Canada. Un animal dangereux quand il est dérangé. Mais, les Canadiens le respectent ».
Pour découvrir en textes et images le défi d'Alain : http ://matraversée.e-monsite.com